Abstract
Abstract : La fièvre catarrhale du mouton (FCM) n'avait jamais été identifiée en France continentale avant l'année 2006, et ce malgré la présence d'un réseau d'éleveurs, de vétérinaires sanitaires et de laboratoires agréés qui aurait dû se montrer capable de la détecter si elle avait été présente. La méthode d'évaluation quantitative des systèmes de surveillance épidémiologique (Martin et al. 2007a) doit théoriquement permettre d'évaluer la capacité des réseaux de surveillance à détecter une infection dans un pays si elle y était présente à un certain niveau de prévalence. Ce rapport présente une application de cette méthodologie à l'estimation de la sensibilité de détection des activités de surveillance de la FCM en place sur le territoire continental français en l'an 2005, et à l'évaluation du niveau de confiance en résultant quant à l'absence d'infection dans cette région. Ces activités de surveillance consistaient en la détection de cas cliniques sur l'ensemble du territoire, en la réalisation d'analyses sérologiques sur des sérums d'ovins et de bovins sentinelles sur le littoral méditerranéen en période estivale, et en la réalisation d'analyses sérologiques sur des sérums de bovins issus des campagnes hivernales de prophylaxie de la brucellose, également sur le pourtour méditerranéen, zone alors considérée comme la plus à risque par les autorités en raison de la présence de foyers de FCM en Corse de 2000 à début 2005. Des arbres de scénarios, modélisant les étapes de chacun de ces différents procédés de détection, sont présentés. Ils ont été mis au point après considération de l'ensemble des paramètres pouvant influer sur la probabilité qu'un animal soit infecté par la FCM et des paramètres jouant sur la probabilité que ces processus de surveillance soient à même de détecter des individus infectés. En particulier, la prise en compte de la surveillance entomologique et la définition de zones à risque en fonction de la possibilité ou non d'une présence du vecteur avéré Culicoides imicola ont été intégrées dans la conception de ces arbres de scénarios. Le calcul de la sensibilité de chacune de ces composantes de la surveillance est ensuite explicité, ainsi que ceux de la sensibilité globale du système de surveillance et de la probabilité que la France continentale ait alors été indemne de FCM. Quel que soit le niveau minimum de prévalence à détecter pour lequel ces estimations ont été produites (2% ou 0,5% des animaux), le système de surveillance dans son ensemble présentait une sensibilité égale à 100% [100%; 100%] quasiment tout au long de l'année 2005 (99,99% [99,99%; 100%] entre avril et juin), assurant ainsi une confiance de 99,90% [99,78%; 99,97%] dans le fait que le territoire ait été indemne d'infection au début de l'année 2006. Ces résultats sont discutés en fonction de la nature des données utilisées et des décisions prises lors de la construction de ce modèle. Les limites de la méthodologie sont évaluées et l'utilisation qui en a été faite commentée. Enfin, des perspectives de développement et de perfectionnement de la méthodologie d'évaluation quantitative des systèmes de surveillance et leur application au contexte actuel de la fièvre catarrhale du mouton en France sont proposées. (Résumé d'auteur)